Les achats responsables dans les PME, exemples de bonnes pratiques

En tant que PME, vous êtes probablement confronté à des demandes RSE de plus en plus fréquentes et précises de la part de vos clients donneurs d’ordre : critères RSE dans les appels d’offres, questionnaires RSE, intégration dans des plateformes d’évaluation extra financière type Ecovadis ou Acesia, voire des audits RSE dans vos locaux pour vérifier in situ l’étendue de vos pratiques de Responsabilité Sociétale.

En effet, cela s’inscrit dans la mise en œuvre des démarches achats responsables de vos clients, pour la plupart des grands comptes généralement. Les PME sont de plus en plus impactées par ces dispositions et il n’est pas toujours évident de répondre à ces requêtes. La meilleure solution est d’engager une véritable stratégie RSE structurée et pilotée au sein de votre entreprise, ce qui vous permettra d’anticiper et vous aidera à répondre à toutes ces questions de façon claire et efficace.

Parmi toute la panoplie d’actions qu’il est judicieux de conduire dans le domaine de la RSE, il en est une qui est très intéressante à explorer, c’est justement celle des achats responsables. Nous allons donc ici vous proposer quelques clés pour avancer de façon pertinente sur ce thème au sein de votre PME.

Tout d’abord, il est primordial de faire l’état des lieux de son portefeuille de fournisseurs et sous-traitants en établissant la liste des fournisseurs par famille d’achats et ainsi identifier lesquels sont les plus stratégiques. Effectivement, vous ne pourrez pas agir efficacement si vous ne hiérarchisez pas les actions de progrès. Pour cela, il est vivement conseillé de tenir compte de plusieurs critères complémentaires : le volume de chiffres d’affaires, les risques environnementaux, éthiques et sociaux, et le niveau de dépendance vis-à-vis de chacun d’eux notamment.

Une fois cette photo prise, vient le temps de l’analyse et surtout de l’action en priorisant sur les fournisseurs les plus stratégiques. Et là, plusieurs questions à se poser par principe : qu’est-ce que j’achète ? à qui j’achète ? comment j’achète ?

Qu’est-ce que j’achète ? Il s’agit ici d’étudier les bénéfices environnementaux et sociaux des produits ou services que j’acquière pour mon entreprise : par exemple, les achats de produits écolabellisés ou certifiés en matière de RSE, de produits ayant fait l’objet d’une démarche d’éco-conception, de produits biosourcés, recyclés ou revalorisés, produits locaux en circuit court, recours à un ESAT, etc. Le but est d’identifier la nature de ses achats actuels et de débuter en parallèle une démarche de sourcing plus responsable en recherchant les alternatives à des produits trop polluant ou non respectueux des droits humains par exemple.

A qui j’achète ? Cette question vise à regarder de plus près l’entreprise qui se cache derrière le produit, le service ou la matière première, le composant que l’on achète. Cette entreprise est-elle déjà engagée dans la RSE ? Mène-t-elle des actions concrètes ? A-t-elle obtenu un label RSE, une certification Qualité/Sécurité/Environnement ? Etc. Une pratique toujours utile à ce stade est de demander à vos principaux fournisseurs à travers une rencontre ou l’envoi d’un questionnaire RSE de vous préciser clairement les actions RSE qu’ils conduisent. L’objectif est ici avant tout de sensibiliser les fournisseurs à s’engager dans la RSE. C’est d’ailleurs un principe essentiel de la RSE au sens de la norme ISO 26000 : « la promotion de la RSE dans la chaîne de valeur ».

Comment j’achète ? Enfin, vous devez structurer votre processus achats afin d’intégrer la RSE dans vos règles de fonctionnement. Pour cela, vous pouvez commencer par établir une charte achats responsables où vous décrivez vos engagements RSE d’une part et d’autre part les critères attendus de la part de vos fournisseurs en matière de RSE afin qu’ils s’engagent en signant celle-ci. De plus, la formation des acheteurs.teuses ou toute personne en charge des achats est essentiel pour conduire le changement et intégrer en interne les techniques d’achats responsables. La réalisation de visites ou d’audits RSE chez vos fournisseurs les plus stratégiques est également souhaitable pour mesurer la réalité et l’efficacité des pratiques engagées. Enfin, une évaluation annuelle des fournisseurs stratégiques en matière de RSE sera nécessaire pour piloter et améliorer de façon continue vos pratiques d’achats responsables.

N’oublions pas également la grande utilité de mesurer la satisfaction de vos principaux fournisseurs à travailler avec votre PME. En effet, la RSE, c’est répondre aux attentes de toutes ces parties prenantes, y compris les fournisseurs ou sous-traitants, pour faire vivre une relation fondée sur la coopération. Ainsi, la question des délais de paiement des fournisseurs par exemple est importante dans une entreprise engagée sincèrement dans la RSE.

Enfin, pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter la norme ISO 20400 qui vous apportera de précieux conseils pour mieux structurer votre démarche. Vous pouvez aussi franchir un pas supplémentaire en obtenant le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables remis par les pouvoirs publics qui vous permettra de valoriser votre engagement.

Et pour information, les obligations règlementaires en lien avec les achats responsables concernent depuis 2017 en France uniquement les entreprises de plus de 5000 salariés avec la loi sur le devoir de vigilance des donneurs d’ordres (attention, un projet de directive européenne est en cours de discussion et devrait concerner les entreprises de plus de 500 salariés cette fois-ci au niveau européen à horizon fin 2023).

Voilà, vous savez (presque) tout sur les achats responsables dans les PME, alors, n’attendez plus, lancez-vous ! Les bénéfices sont nombreux : enrichissement de votre stratégie RSE, réduction de votre empreinte carbone, motivation des salariés en charge des achats qui trouvent davantage de sens dans leur job, réalisation potentielle d’économies grâce à des achats mieux maîtrisés, etc.

Entreprises d’insertion, la RSE leur va si bien…

Le sujet de l’insertion des personnes éloignées de l’emploi est souvent au cœur du volet social des démarches RSE des entreprises. Il est d’ailleurs souvent très utile de s’appuyer sur des organisations spécialisées qui aident les PME à agir efficacement dans ce domaine (structures d’insertion, associations, collectivités, ESAT, etc.). Et justement, aujourd’hui, RSE ATTITUDE a le plaisir de vous faire partager l’expérience RSE d’une entreprise d’insertion, OASURE, que nous avons accompagné récemment. Ce sont des salariés en parcours d’insertion qui œuvrent au quotidien dans cette PME spécialisée dans l’aménagement écologique (travaux paysagers, production de roseaux pour la phytoépuration). Dotée de fortes convictions, OASURE se prépare actuellement à l’obtention du label RSEi coordonné par la Fédération des Entreprises d’Insertion en partenariat avec l’AFNOR. Découvrons sans plus attendre cette belle aventure !

  • Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

OASURE est une SARL agrée entreprise d’insertion. Grâce à son activité de production de roseaux pour la phytoépuration et ses activités d’entretiens paysagers, aménagement de berges ou de service à la personne, elle vient en aide à des personnes éloignés de l’emploi grâce à un accompagnement socioprofessionnel. Une équipe d’encadrants techniques travaille sur le terrain pour accompagner les salariés en insertion. C’est l’attachée commerciale et administrative qui prépare les chantiers en amont et va à la rencontre des clients.

  • Pourquoi avoir décidé d’engager une démarche RSE ?

Nous avons souhaité nous engager dans une démarche RSE en fin d’année 2020 pour allier notre performance sociale avec notre modèle économique et environnementale. Notre projet est d’être labellisé Responsabilité Sociétale des Entreprises Inclusives (RSEi) par AFNOR courant l’année 2022.

  • Pourriez-vous nous partager 2 ou 3 bonnes pratiques RSE concrètes mises en place dans votre entreprise ?

Nous faisons un quart d’heure de prévention à l’ensemble de nos salariés par semaine organisé par thématique (Alimentation et hygiène de vie, Sécurité, Lutte contre les discriminations et RSE général)

Nous effectuons de l’action de formation en situation de travail (AFEST) auprès de nos salariés en insertion

Nous nous regroupons une fois par mois en revue RSEi avec le comité de pilotage : objectifs RSE, mise à jour des documents interne types cartographie des parties prenantes, mis en place d’action…Nos bâtiments ont été réalisés en écoconstruction (à faible impact écologique)

  • Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans le cadre de votre démarche RSE ?

La mise en route d’un tel changement de pratique au sein de la structure a été plutôt long avec nos salariés de production. Nous avons pris le temps d’expliquer nos ambitions dans cette démarche et les avons accompagnés dans cette conduite de changement tout le long et nous continuerons à le faire quotidiennement.

  • Quels grands avantages avez-vous retiré de votre engagement dans la RSE ?

Nous avons maintenant un projet d’entreprise basé sur les trois piliers du développement durable avec des objectifs fixés pour chacun. Cela nous donne un challenge à tous qui va au-delà de l’atteinte de ces objectifs. Nous avons un réel engagement pour lutter contre le réchauffement climatique et la pollution, enjeux actuels de notre société, par nos activités et notre bâtiment réalisé en écoconstruction et allons encore plus loin dans cette démarche : nous essayons de nous fournir auprès de fournisseurs locaux avec des matériaux écoresponsables.

  • Pour terminer, si vous aviez un conseil à donner à une entreprise qui souhaite engager une démarche RSE, quel serait-il ?

Suivre une démarche RSE en mesurant et réduisant ces impacts est l’avenir de nos entreprises. Consacrer du temps en équipe dans cette démarche avec une personne ressources dédiée à cela est un avantage. Réaliser un projet d’entreprise avec des objectifs, sous-objectifs et indicateurs est également un atout indéniable car il est le fil conducteur de la démarche.