Avant toute chose, revenons à l’origine de la définition de ce concept de matérialité. Au départ, il était utilisé dans la sphère financière des grandes entreprises essentiellement puisqu’il s’agissait de prendre en considération les attentes de investisseurs pour élaborer les orientations stratégiques des entreprises.
Ce concept a connu une forte évolution depuis une vingtaine d’années avec le développement des démarches de Responsabilité Sociétale dans les organisations. En effet, on utilise aujourd’hui l’approche de la matérialité pour prioriser les enjeux RSE d’une entreprise. Plus précisément, il s’agit de tenir compte des besoins de l’ensemble des parties prenantes d’une entreprise et non seulement des investisseurs pour établir sa stratégie RSE au plus près des attentes de la société dans son ensemble. La Global Reporting Initiative a édité plusieurs guides sur le sujet de la matérialité dès la fin des années 2000.
On parle aujourd’hui de double matérialité…
La double matérialité consiste à ce que les entreprises rendent compte à la fois de l’impact de leurs activités sur leur performance propre mais également sur tous les aspects de la Responsabilité Sociétale, c’est à dire à la fois sur la société et l’environnement dans leur globalité. Le but est donc d’analyser dans quelle mesure leurs activités impactent les ressources naturelles et les ressources humaines au sens large. Cela donne une envergure beaucoup plus complète à l’analyse des enjeux RSE d’une organisation. La double matérialité est liée à la pression de plus en plus forte des pouvoirs publics et aussi et surtout des investisseurs qui doivent collecter des données de plus en plus précises sur les impacts environnementaux et sociaux des entreprises qu’ils accompagnent, dans une logique de transparence.
Quelles sont les étapes à suivre pour l’analyse de matérialité ?
Pour engager efficacement ce travail dans une entreprise, il est conseillé de procéder par étapes de manière pragmatique. D’abord, bien identifier les enjeux RSE de l’entreprise de manière exhaustive en se basant sur un référentiel complet, comme la norme ISO 26000. Puis, il s’agira de procéder à la hiérarchisation de ces enjeux RSE en termes d’impacts RSE sur la performance globale de l’entreprise et ce par les membres de la gouvernance. Une fois ces enjeux RSE identifiés et qualifiés, il conviendra de recueillir les attentes et perception des parties prenantes clés de l’entreprise sur la base d’une enquête approfondie auprès d’un échantillon représentatif. Au sein de RSE ATTITUDE, nous proposons une offre d’accompagnement à ce sujet spécifiquement adaptée aux PME et ETI, n’hésitez pas à nous contacter !
Quelles sont les parties prenantes à consulter pour établir une matrice de matérialité ?
L’objectif d’une analyse de matérialité est d’ouvrir le dialogue de manière aussi large que possible à la fois auprès des parties prenantes internes (personnel, délégués syndicaux, comité d’entreprise…) et également auprès des parties prenantes externes (fournisseurs, clients, partenaires institutionnels, associations, collectivités, services de l’Etat, banques, fédérations, médias, établissements d’enseignement…). Pour cela, il est recommandé de procéder par la réalisation d’entretiens semi directifs auprès d’un échantillon représentatif des parties prenantes de l’entreprise. Le nombre et le type de parties prenantes sollicitées dépendra de plusieurs paramètres comme principalement la taille de l’entreprise et donc le nombre de parties prenantes influencées par l’organisation, mais aussi des impacts RSE de son activité et de son/ses implantations géographiques. Une base minimum de 30 parties prenantes consultées dans ce cadre est conseillée. Ce recueil d’informations peut associer entretiens individuels et focus groupe, voire un complément d’analyse reposant sur une enquête quantitative administrée en ligne. Il s’agira d’une part, via ces interviews, de recueillir quantitativement le niveau d’importance accordé à chacun des enjeux RSE pré identifiés pour évaluer la hiérarchisation des impacts RSE du point de vue des parties prenantes. D’autre part, le but sera d’ouvrir le dialogue grâce à des questions plus ouvertes, ce qui permet de recueillir des signaux “faibles” sur des attentes prospectives en matière de RSE, sur des enjeux RSE non identifiés par l’entreprise ou encore recueillir des suggestions d’améliorations en lien avec les principes du développement durable.
Quelle sont les avantages d’une matrice de matérialité ?
La finalité de ce travail est d’établir la représentation graphique appelée matrice de matérialité qui permet de situer visuellement les potentielles correspondances entre les enjeux hiérarchisés du point de vue de la gouvernance de l’entreprise et les attentes des parties prenantes. C’est donc un formidable outil d’aide à la décision qui facilitera la priorisation des actions à mener sur tous les champs de la Responsabilité Sociétale et en même temps qui alimentera de nouvelles idées pour votre démarche RSE. Finalement, la matrice de matérialité questionne et apporte des réponses à l’entreprise sur sa capacité à créer de la valeur pour elle-même et l’ensemble de ses parties prenantes. De plus, cela enrichit et crédibilise votre communication RSE avec une réelle valeur ajoutée apportée à vos rapports et reporting RSE auprès de vos clients et partenaires. Enfin, la matrice de matérialité alimente la sensibilisation de vos salariés à la RSE car elle est concrète et porteuse de sens.
Alors, maintenant que vous savez tout (ou presque) sur l’analyse de matérialité RSE, n’hésitez plus et lancez vous !